Une petite dame sculptée dans la pierre blanche, prisonnière d'une niche garnie de barreaux, passe sa vie de statue à regarder les promeneurs, les voitures et les tracteurs qui défilent sur le chemin de la Moulière, été comme hiver.
Elle a de l'allure dans son drapé mouillé, mais paraît un peu coincée dans son trou tout isolé qu'encadrent des lierres. De son air implorant, elle semble dire aux gens: "Ne me regardez pas trop longtemps, ou bien venez me délivrer, sinon vous aurez une rage de dents, un mal de tête ou quelque chose d'approchant...". C'est honnête de sa part d'avertir, car elle n'est pas obligée! Elle le fait en agissant sur les esprits. Mais personne ne l'entend et elle en souffre. Que ne ferait-elle pas pour subvertir le monde qui la rend muette contre son gré? Elle ne peut tout de même pas blasphémer!
Alors elle pleure sans gêner les gens du coin, qui la regardent du coin de l'oeil, lorsqu'ils ont une pensée pour elle. Cela arrive parfois, quand une femme du village, dans l'attente d'un heureux événement, commence à tourner de l'oeil. D'autres fois, c'est une femme qui s'approche de sa cage en lui susurrant des mots désespérés: "O Sainte Vierge, fais que j'aime mon mari!"...
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