Des barrières donnant accès à des herbages où pépient de petits oiseaux volages... "Plutôt curieuses, ces barrières en forme d'échelles! Elles n'ont que quatre barreaux, ce qui fait court pour joindre le ciel!". Ici, nul ne décolle de terre, ni de cette poussière jaune, aussi battue et rebattue que le sentiers qu'elle obstrue!
En effet, la poussière s'amasse en nuages gris dans une nasse que le vent du nord-ouest mène vers les horizons chimériques d'un quelconque Eden. Fier, droit et digne, un jeune arbre s'épanouit timidement en branches et brindilles livrés au zéphyr qui aère ses feuilles. Au loin se dandine une vache isolée, sur la surface grise du pré aux herbes grillées par le soleil. La végétation explose de mille couleurs, rose, bleu et rouge...
Sous les arbres rampe une ombre qui donne leurs contours aux forces de la nature. L'air saturé de chaleur baigne les herbes, les feuilles et toute forme de vie. Au-dessus des lourdes branches, les nuages en masses blanches défilent lentement, mousses compactes sans point de fuite en perspective... Ils s'étirent, s'étalent, comme laminés par des étoiles, sans jamais se séparer tout à fait. Ils prennent la même direction dans l'espace qui s'étend, se détend...
Moucherons et moustiques, papillons et poussières, libellules et autres particules de vie volante, de vie volée, de vie voulue, virevoltent comme des cerfs-volants, comme des gommettes dans l'azur. Adorable Nature! Pourquoi ne pas cueillir des pissenlits , des herbes et des feuilles de plantes grasses pour les fixer avec doigté sur les fils de fer barbelés?
La tendre vache se repose de tout ce qu'elle voit et sait ici-bas, à son insu. Les arbres, telles des aiguilles d'acupuncture sortant du corps de la terre, hument l'air et semblent appeler les étoiles pour sortir de l'humus. Parfois, ils reçoivent pour toute réponse des araignées célestes aux pattes sèches qui filent comme des perdues. Il y a si longtemps qu'un tel phénomène ne s'est pas produit... Nul doute que sous le masque paisible des racines et de la terre se cachent des profondeurs pénibles et amères, qui perdent quiconque ose les sonder...
"La terre noire en or abonde, c'est pourquoi elle est fertile, et divinement utile, plus que toute terre au monde". Se baisser pour ramasser à pleines mains un peu de terreau sur le bord du chemin, sans peur de se salir. La terre, ultime sort, berceau de tous les morts... Marcher, sans hâte et sans peine, laisser la pensée vagabonder au-dessus des objets que la nature offre aux sens. Ne semble-t-il pas, alors, que ce chemin est connu depuis toujours, et que l'on a la voix d'un sourd? ...
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