Ouest-France 04/01/2008 : sortie de piste d'un Boeing 737 à Deauville (Saint-Gatien)

Après sa sortie de piste, l'avion s'est enfoncé dans l'herbe et a glissé sur une vingtaine de mètres avant de s'immobiliser, les réacteurs quasiment posés sur le sol.


vendredi 04 janvier 2008
Sortie de piste d'un Boeing 737 à Deauville


Après sa sortie de piste, l'avion s'est enfoncé dans l'herbe et a glissé sur une vingtaine de mètres avant de s'immobiliser, les réacteurs quasiment posés sur le sol.

L'avion en provenance de Marrakech a raté son atterrissage, jeudi matin. Sans doute en raison du verglas sur la piste. Aucun blessé n'est à déplorer parmi les 168 passagers.


« Des gens criaient : Au feu ! le réacteur brûle ! On a vraiment eu très peur. » Andréa et sa fille Caroline soufflent devant un café croissant dans le restaurant de l'aéroport de Deauville-Saint-Gatien. Il est 10 h, jeudi matin, et elles se remettent doucement de l'incident survenu à l'atterrissage de leur avion en provenance de Marrakech. Le Boeing 737-400, avec 168 passagers à son bord, est parti du Maroc à 5 h (6 h, heure de Paris) pour toucher à 8 h 50 la piste longue de 2, 5 km de Saint-Gatien. « Un atterrissage peut-être trop rapide », précise Hubert, un Brestois bouillonnant de colère en évoquant l'accident survenu ensuite.

L'appareil de la compagnie Atlas blue a chassé pendant le roulage pour sortir en bout de piste. L'appareil s'est alors enfoncé dans l'herbe, les réacteurs quasiment posés sur le sol, pour glisser encore une vingtaine de mètres avant de s'immobiliser. Un accident rare, et une grosse frayeur pour les passagers, même si aucun n'a été blessé.

« Des flammes sous les ailes »

« Des flammes sortaient sous les ailes. Puis de la fumée est entrée dans l'avion. Il y a eu un moment de panique », soulignent Denis, Florence et leur fils Jérémy, habitant Pont-l'Évêque. Des personnes âgées ont fait des malaises et des enfants étaient malades », notent des passagers. Ils expliquent ensuite avoir dû attendre dans le Boeing, entre vingt minutes pour certains et jusqu'à une heure pour d'autres, avant d'être évacués par les toboggans, puis d'être conduits en bus jusqu'à l'aérogare. « Et tout ce temps sans même une information sur ce qui s'était produit. Le commandant de bord n'a rien dit. C'est quand même étonnant », s'emporte Hubert.

Dans l'aérogare également, où les familles attendent le retour de leurs proches, peu d'informations sont diffusées. « On nous a seulement dit que l'avion était dans le champ, explique Déborah, venue chercher ses parents. Heureusement ils m'ont appelé de l'avion avec leur portable pour me dire que tout allait bien. »

« Fallait-il se poser là ? »

Peu après l'accident, la tension monte dans l'aérogare. Des passagers veulent comprendre comment un tel incident a pu se produire. « Pourquoi la piste est-elle restée verglacée ? Si rien n'a été fait, fallait-il que l'avion se pose là ? », s'indigne un homme en s'adressant au président de la chambre de commerce et d'industrie du pays d'Auge, gestionnaire de la plateforme aéroportuaire.

Christian Fougeray, explique que « l'aéroport n'a pas le matériel pour traiter une piste verglacée. On fait si besoin appel à un sous-traitant. Mais pas s'il n'y a qu'un avion dans la journée. Dans ce cas le pilote est prévenu par l'Aviation civile. C'est lui, avec toutes les informations qui lui sont transmises, qui décide d'atterrir ou d'aller vers un autre aéroport. »

Une enquête a été ouverte par la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA), basée à l'aéroport de Saint-Gatien et le Bureau enquête et analyses pour la sécurité de l'Aviation civile. « Dans le cas d'un accident comme celui-là, il faut mener beaucoup d'investigations : transcrire et étudier les communications passées entre le sol et le bord, analyser les conditions de freinage, les équipements de la plate-forme..., explique Marcel Leroux, ingénieur de permanence à la Direction de l'aviation civile de l'Ouest. Si le verglas est seul en cause, l'enquête le déterminera. Mais c'est rarement simple. Il y a toujours un enchaînement de plusieurs événements. »

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